20.1.10

the fear you won't fall.


J'me suis tue.
J'me suis tue ces derniers temps. Ruban rouge sur les lèvres et mains ligotées. C'est que si mes tourments ont beaucoup à maudire, mes bonheurs n'ont rien à écrire. Pour éviter de baigner dans une eau de rose des plus banales et pour fuir les phrases que des plus grands que moi ont déjà su mieux dire, j'me suis tue dans un brûlant silence. J'me balance maintenant entre une envie maladive de tout révéler, de crier ce qui m'a fait taire, en me foutant de ce que ça donnerait, probablement un ramassis de mots sans sens et répétitifs, des rimes en mour, des rimes en jour, probablement un paquet de paragraphes qu'on a lu cent fois sur d'autres lèvres dans d'autres histoires. J'me situe entre ce désir insatiable et ce goût du secret, ce caprice féminin de conserver chez-elle une panoplie de non-dits, parce que ça ne regarde personne et parce que l'idée d'instants privées sera toujours séduisante.

Et c'est en m'balançant ainsi que j'ai compris. J'ai compris que si je n'dis rien, c'est seulement que j'en suis incapable. J'suis coincée, j'ai l'souffle coupé. Affamée de mots, rassasiée de maux. Déstabilisante rareté. Éprouvante beauté.

«Depuis qu'il est là rien n'a changé, mais tout est différent.»

C'est ça au fond.

Depuis qu'il est là rien n'a changé, mais étrangement le ciel est plus clair, le Plateau est moins gris et Hochelaga plus sécurisant. Depuis qu'il est là rien n'a changé, mais bizarrement plus rien ne m'dérange, des heures d'attente à l'image que mon reflet me renvoie. Des trains trop pleins à ces gens hostiles qui les remplissent. Si la température extérieure bougeait mes humeurs, c'est aujourd'hui la chaleur de son corps qui les stabilisent. Même la noirceur ne m'fait plus peur depuis que c'est l'odeur de sa peau qui me berce dans l'sommeil, depuis que mes pieds froids ont trouvé un endroit où se nicher. Depuis qu'il est là rien n'a changé, mais devant l'miroir j'm'égare dans l'bleu de mes propres yeux, perdue dans mon esprit chargé de lui et de tout ce qu'il me dit.

«Faut avouer que dans mon quotidien, il a mis un beau bordel.»

Gamine jouant en solitaire depuis bien trop longtemps, il faut avouer que dans mon quotidien, il a foutu tout un désordre. La notion du temps nous échappe, les heures coursent contre nous à partir de minuit et les secondes s'éternisent dès qu'il quitte mon lit. Il faut avouer que le quotidien devient un mot abstrait avec lui. Mes plans sont à oublier, il les efface et les redessine à sa façon, mon horaire est chamboulé, du retard à l'avance, c'est lui qui tranche. Dans mon semblant de quotidien, le plus beau des bordels.

«Il mérite pas un texte moyen, j'ai la pression, ça craint»

C'est loin d'être au point. Il mérite pas un texte moyen, je voudrais que mes mots l'embrassent, j'voudrais que les phrases le troublent. Un jour j'trouverai bien le tour, d'écrire sur lui, sur nos jours.

«Moi si un jour j'suis un couple, je voudrais être nous deux.»



«»comme une évidence.gcm.


4 comments:

Noémie said...

«Faut avouer que dans mon quotidien, il a mis un beau bordel.»


like it

little j. said...

omg.

Valérie Carreau said...

Dire, même le beau, ça fait du bien. Et puis quoi, si quelqu'un d'autre l'a déjà fait.? Ça ne sera jamais comme toi.

Anonymous said...

Grand Corps Malade...