25.1.10

home's calling.


j'lui parlais de chez-moi, comme ça.

Le fleuve y est plus large, la respiration plus facile, le corps moins lourd et surtout moins laid. Les chemins plus tortueux, mais tellement plus simple d'accès, la neige y est plus abondante, le soleil s'y reflète plus fort, y'a une auréole au-dessus de la ville comme si quelqu'un nous protégeait d'en haut. Les gens y rient plus fort, se cachent pour pleurer, l'anglais s'y meurt, se perd dans un français franc et altéré par les langues fourchues. Les joues sont rouges, les yeux scintillent par un flot de larmes apporté par le vent cruel qui se sent chez-lui trop souvent ici. Les aveux s'étouffent dans le creux de la montagne et les baisers s'élèvent au-dessus d'elle. Je m'y sens plus grande.







20.1.10

the fear you won't fall.


J'me suis tue.
J'me suis tue ces derniers temps. Ruban rouge sur les lèvres et mains ligotées. C'est que si mes tourments ont beaucoup à maudire, mes bonheurs n'ont rien à écrire. Pour éviter de baigner dans une eau de rose des plus banales et pour fuir les phrases que des plus grands que moi ont déjà su mieux dire, j'me suis tue dans un brûlant silence. J'me balance maintenant entre une envie maladive de tout révéler, de crier ce qui m'a fait taire, en me foutant de ce que ça donnerait, probablement un ramassis de mots sans sens et répétitifs, des rimes en mour, des rimes en jour, probablement un paquet de paragraphes qu'on a lu cent fois sur d'autres lèvres dans d'autres histoires. J'me situe entre ce désir insatiable et ce goût du secret, ce caprice féminin de conserver chez-elle une panoplie de non-dits, parce que ça ne regarde personne et parce que l'idée d'instants privées sera toujours séduisante.

Et c'est en m'balançant ainsi que j'ai compris. J'ai compris que si je n'dis rien, c'est seulement que j'en suis incapable. J'suis coincée, j'ai l'souffle coupé. Affamée de mots, rassasiée de maux. Déstabilisante rareté. Éprouvante beauté.

«Depuis qu'il est là rien n'a changé, mais tout est différent.»

C'est ça au fond.

Depuis qu'il est là rien n'a changé, mais étrangement le ciel est plus clair, le Plateau est moins gris et Hochelaga plus sécurisant. Depuis qu'il est là rien n'a changé, mais bizarrement plus rien ne m'dérange, des heures d'attente à l'image que mon reflet me renvoie. Des trains trop pleins à ces gens hostiles qui les remplissent. Si la température extérieure bougeait mes humeurs, c'est aujourd'hui la chaleur de son corps qui les stabilisent. Même la noirceur ne m'fait plus peur depuis que c'est l'odeur de sa peau qui me berce dans l'sommeil, depuis que mes pieds froids ont trouvé un endroit où se nicher. Depuis qu'il est là rien n'a changé, mais devant l'miroir j'm'égare dans l'bleu de mes propres yeux, perdue dans mon esprit chargé de lui et de tout ce qu'il me dit.

«Faut avouer que dans mon quotidien, il a mis un beau bordel.»

Gamine jouant en solitaire depuis bien trop longtemps, il faut avouer que dans mon quotidien, il a foutu tout un désordre. La notion du temps nous échappe, les heures coursent contre nous à partir de minuit et les secondes s'éternisent dès qu'il quitte mon lit. Il faut avouer que le quotidien devient un mot abstrait avec lui. Mes plans sont à oublier, il les efface et les redessine à sa façon, mon horaire est chamboulé, du retard à l'avance, c'est lui qui tranche. Dans mon semblant de quotidien, le plus beau des bordels.

«Il mérite pas un texte moyen, j'ai la pression, ça craint»

C'est loin d'être au point. Il mérite pas un texte moyen, je voudrais que mes mots l'embrassent, j'voudrais que les phrases le troublent. Un jour j'trouverai bien le tour, d'écrire sur lui, sur nos jours.

«Moi si un jour j'suis un couple, je voudrais être nous deux.»



«»comme une évidence.gcm.


7.1.10


quatre mains.
ada&philou
2e étage d'une maison ancestrale
dans l'nord

y'a ingrid michaelson qui joue.


je marche. j'tombe pas, mais j't'attends. les bras croisés, pas parce qu'il fait froid, j'n'ai plus froid depuis toi, mais parce que ça m'fait sentir toute petite. mon coeur va fondre si j'reste ici encore, seule dans cette foule. mon coeur est une guimauve. un peu comme mes mains, dont la moiteur ne t'surprend même plus. demi-tour ou grand détour. j'ai peur. de c'qui nous attends. j'ai peur de me perdre dans ton odeur, entre tes doigts. et cette foule n'a rien de réconfortant, et tu ne me retrouveras jamais. comment pourrais-tu te retrouver dans cette foule et comment pourrais-tu me rejoindre dans cette tête éclatée de gamine amoureuse. t'as peur toi? si j'pense 1000 fois à tes mains dans mon dos, combien de fois penses-tu à mon nez dans ton cou? en espérant que tu marches sur la même corde que moi, j'souris malgré la tempête. j'ai le souffle court, je manque visiblement d'équilibre, le crâne coincé dans des nuages, des nuages gris, des nuages d'orage, mais quand t'es là y'a l'ciel qui s'éclaircit. malgré tout. t'amènes une brise de printemps, un sentiment de liberté. on s'envole? oui, je suis un papillon. je vole, un peu trop haut. suis-moi, s'il-te-plaît. crains pas, j'vais t'apprendre à t'élever, haut, au-dessus de tout. au-dessus de tout ce que nous espérions devenir. bien au-delà de ça. suis-moi. sens l'vent dans tes cheveux, et serre ma main dans la tienne. lentement, sans excéder. je te regarde, ça t'plaît? j'te lâche pas, tes doigts entre les miens, mais j'te tire pas. le soleil réchauffe maintenant mes joues. et mon coeur. tes yeux verts me fixent et tu acquièces, finalement. ma peur s'envole, finalement. doucement, on touche le sol. et on marche, à deux cette fois.



05.01.10.