22.11.09


parce que l'amour dans l'fond, c'est d'l'amitié qui pogne en feu.

18.11.09

if the lights go out.


À l'heure qu'il était, la nuit avait terminé de me surprendre, bientôt les néons s'allumeraient et je rentrerais chez-moi, seule et à moitié ivre dans un taxi que je paierais trop cher.

Je restais collée sur mon banc, les coudes sur le bar et la tête entre les mains, inclinée vers la gauche, tu me parlais d'un truc sans intérêt depuis des heures, m'empêchant de danser ou de m'enfuir, et parce que je ne trouvais rien à te répondre, je nous alimentais de sourires en coin en fixant mes yeux sur tes lèvres. T'étais là depuis bien trop longtemps, on baignait dans la teinte bleutée des verres vides qui traînaient devant nous, auditoire muet responsable de ton trop-plein de mots et de mon silence inhabituel. Tu devais te douter que je n'avais rien à foutre de ton discours, que j'te trouvais beau et que si ce n'était pas de ta main qui venait de se poser sur mon bras, j'serais dans mon lit depuis un moment déjà, à m'imaginer la scène que tu étais entrain de me jouer. Tu devais t'en douter parce que brusquement tu cessas de parler. Franchement, il était temps que tu te taises. J'relevai la tête et fit pivoter mes jambes vers toi pour débarquer de mon banc dans un élan. J'me mis à bafouiller quelques mots de fin de soirée, je parlais comme ça pour combler le silence que t'avais provoqué et que je ne croyais pas manquer et ta bouche se retrouva sur la mienne. Et pour 3, 5, peut-être 12 ou même 15 secondes, tu m'as embrassé. Je n'sais plus si ça m'a surprise ou pas, ça s'est passé rapidement et j'suis sortie dehors en laissant mon manteau sur mon banc, comme si le froid allait m'faire oublier. Je restais là, sans me rendre compte que j'me tenais devant la porte. J'empêchais les gens d'entrer et je les poussais à me bousculer à leur sortie. Y'a la voix gentille d'une jolie blonde qui me secoua.

- Excuse-moi... tu bloques la porte et j'suis complètement gelée!

Ta blonde.

J'me souviens plus très bien de la suite. J'ai dû me remuer et faire quelques pas de côté, j'pouvais pas me concentrer sur son visage.

T'en fais pas pour moi, je sais comment on fait dans ces histoires-là, parce que je me suis déjà tenue debout à chacune des pointes de ce triangle.

J'ai joué tous les rôles, j'espérais seulement que ce coup-là, ce n'serait que toi et moi.



17.11.09



millay&me.



past in present.


J'ai 20 ans, j'rentre tard, toute alcoolisée, la bouche toute marquée de baisers de gars dont je n'connais qu'le prénom, les collants tout troués et le vernis à ongles tout craquelé.
J'ai 20 ans, j'nois ma vie dans des verres de plastique rouge et j'vomis ma haine sur les jupes des trop jolies filles.
J'ai 20 ans, mon passé me surprend en flagrant délit de perte de temps chaque fois que j'cogne à sa porte, c'est que mon présent manque d'éclat et mon futur, d'ambition.
À 20 ans le jour a le droit de me donner tous les torts, c'est la nuit qui s'incline, m'invite chez elle et me fait danser.
À 20 ans j'délire, j'fabule, j'ai les joues en feu et l'goût du jeu.
J'ai 20 ans et la vitesse m'adore. Que ça déboule, que ça se bouscule, que ça s'intensifie et que ça s'embrase, tout, rien. Y'a le vide et le trop-plein, mes intentions et mes actions contraires, ma pudeur et ma peau dans son lit pour une heure, mon coeur plein d'noeuds et plus rien dans mes yeux.
À 20 ans, mes mains remplies de lignes qui ne savent plus quoi dire, ma tête dénudée de sa conscience et dépouillée de toute forme de raison, mon corps frustré de l'absence de regards pour le déshabiller.
À 20 ans, écorchée vive, secouée de tourments adolescents, droguée au parfum masculin et tatouée d'histoires, des belles et des très laides, des pures et des toutes croches.

À 20 ans les talons et les faux-cils.

Et à 20 ans il serait temps que je cesse de tout faire basculer pour un oui, pour un non, que j'arrête de disjoncter, de me prendre tous les murs, de me saouler par manque de courage, de me croire complètement foutue pour ensuite me retrouver bien au-dessus d'tout, il est temps que j'me démaquille, que j'me couche tôt, que j'demande pardon quand j'me fou dans une galère, que j'assume l'erreur, que j'accepte d'y avoir droit, il est temps que j'arrête tout. Et que j'recommence.



ma fièvre me clout dans l'noir.






4.11.09

electric twist


- T'es con!

T'es con d'être casse-cou, un jour tu te feras mal pour vrai mon homme, un jour tu rateras une de tes acrobaties tentées après t'être assurée que mon regard pointait dans ta direction, t'es con de ne pas rappeler en sachant que j'ai probablement eu le temps de m'imaginer le pire des scénarios dramatiques en attendant, t'es con de boire et de conduire, t'es con de me dire que je n'suis pas placée pour te faire la morale, de me dire que j'suis une enfant au matin et ta femme fatale à la tombée de la nuit, de rire de moi quand j'boude, quand j'manque le réveil, quand mes cheveux sont tout en bataille, quand j'échappe un truc, t'es vraiment con. T'es con quand tu t'impatientes, quand tu sacres, quand tu fumes, quand tu t'allumes une cigarette en me regardant comme pour me provoquer, quand tu roules vite en voiture et que j'suis à bord, quand tu t'obstines à porter ce vieux jean tout troué alors que j't'en ai offert des biens plus beaux. T'es l'pire des cons quand tu te la joues hard to get mais que tu me quêtes un lift à 3h du mat', t'es l'pire des cons de ne pas remarquer que j'ai teint mes cheveux et que je porte le bracelet que tu m'as offert. Con.

Et t'es con de me trouver jolie quand j'me réveille avec du mascara sous les yeux et un teint qui tire sur le blanc neige, t'es con de continuer de croire que tu m'aimes plus que moi j't'aime, t'es ridiculement con de m'aimer sans être capable de me donner de raison valable, t'es con quand tu te places dans mon dos et imite ma façon de me poudrer les joues, t'as pas besoin de glisser de l'argent dans ma poche quand j'sors sans toi, c'est con. C'est aussi con que ta manie de me téléphoner juste pour savoir si tout va bien au beau milieu de ma journée. Un vrai con de me dire que tu seras toujours dans les parages alors que franchement, tu l'sais que j'en doute. Un vrai de vrai de me relooker en souriant pendant que j'te raconte mes frustrations, ça ne fonctionne pas (toujours...). Si tu savais comme j'te trouve con quand tu débarques sans avertir, juste pour être là, assis à côté d'moi tsé, quand tu refuses des invitations juste parce que moi, ben ça me tente pas d'y aller à cet endroit-là. T'es con de me surprendre, moi qui aime être au courant de tout, con de te confier, moi qui répète tous les secrets, con de me faire taire en m'embrassant quand l'image que mon miroir me renvoie me fait mal.

- T'es con!

Que j'te dis trop souvent.




go ahead

Je traînais sur le sofa depuis des heures, mon cellulaire vibrait sans cesse, le téléphone «ne dérougissait pas» comme dit maman, les épisodes de ma série fétiche du moment s'enchaînaient et j'commençais à avoir chaud sous ma pile de couvertures, sous mon tas d'oreillers d'plumes. Un peu machinalement, j'me suis levée, j'ai troqué mon boxer pour un jeans, j'ai enfilé un gros pull de laine et des bottes de cuir et j'suis sortie, sans maquillage, les cheveux relevés et mon porte-feuille pour seul bagage. Malgré tous les arbres de Noël apparus bien avant leur temps dans les vitrines, c'est un air qui s'apparentait à septembre en ce début de novembre qui m'emplissait les poumons. Je n'avais aucune idée d'où j'allais, mais je préférais les grandes rues aux p'tits raccourcis parce que ces gros immeubles me font sentir toute petite et j'aime ça. J'avançais la tête basse, comme surpris du chemin que mes bottes avaient choisi de prendre. La destination se dessinait.

Je me balladais d'un bon rythme, en sautillant et en dépassant tous les gens sur ma ligne, je les bousculais presque, en petite madame pressée que je n'étais absolument pas. Au passage j'leur imaginais toutes sortes d'histoires à ces gens bousculés, je marchai même assez longtemps pour réécrire le scénario que quelques hommes m'avaient fait écrire. Leurs visages se succédaient à la vitesse des coins de rues, au prochain stop je t'aime, à la lumière tu me détestes.

J'approchais.

Mes bottes de cuir noir semblaient avoir choisi de m'emmener là, comme si l'endroit était réconfortant, comme si elle devaient s'en charger parce que je ne m'y serais jamais rendue moi-même.

En tournant l'coin j'suis entrée dans le premier commerce que j'ai vu. Une feinte aux bottes magiques et une idée qui m'a prise de me convaincre que finalement j'étais probablement sortie par manque de fond de teint make up forever à 41.00$. J'suis ressortie avec une nausée causée par ces étagères de fragrances mélangées. Je sentais bizarre là. fuck.

Je me suis arrêtée devant l'numéro de ta porte. Je l'ai regardée, en croisant les doigts pour qu'elle reste fermée.
12 pas. J'cogne en levant les yeux au ciel, j'm'exaspère mais la pleine lune semble être d'mon bord.

Tu m'ouvres doucement et tu restes flanquée devant moi. L'éclairage du fond de la pièce dessine ta silhouette à la perfection, ta carrure m'impressionne jusqu'à la cime de tes cheveux bruns. J'croyais devoir faire face à un regard qui me questionne et des sourcils qui se froncent, mais tes yeux verts regardent droit dans mes yeux bleus. J'réponds d'un sourire en coin gauche et tu te pousses pour me laisser entrer. J'te trouve beau et j'me sens comme une ado de 15 ans en m'assoyant en indiens dans ton fauteuil. Tu t'assoies à mes côtés et tu m'regardes, probablement amusé de me voir là.

- C'est mon anniversaire aujourd'hui.
- Je sais.

Tu passes ton bras autour de mes épaules et t'allume ta télé. Y'a Desperate Housewives qui joue en reprise, et tu n'as pas l'air d'avoir l'intention de changer de chaîne.