25.7.09

no past land.


marry me today.
Je me suis mise à pleurer quand la vague blanche m'a frappée les chevilles cet après-midi là. Ça m'a surprise. Je connaissais pourtant le phénomène, ce n'était pas les larmes d'une enfant qui craint ses premières fois. Tout aussi étonné de moi de voir des larmes tombés au pied de cette plage qui n'en avait probablement jamais reçues, un homme s'est arrêté pour me demander ce qui me préoccupait et parce que je n'en avais absolument aucune idée à ce moment précis, j'ai préféré lui répondre de se mêler de ses affaires, une réponse qui n'avait pas sa place au milieu de ces châteaux et de ces nuages bien trop blancs pour être des vrais. Je continue de croire qu'un enfant les fabrique de ses ptites mains pures et les balance dans le ciel à sa guise. Bref...

Bref j'pleurais. Pour rien et pour toi à la fois. C'est le bien trop émotif Damien Rice qui se lamentait dans mes oreilles qui m'a chuchoté la cause de mes yeux humides... J'pleurais pour toutes les vagues que j'ai bravé sans toi, à contre-courant, pour toutes nos marées hautes et nos marées basses, pour nos tempêtes, celles qui font chavirer le plus mignon des canots jusqu'à celles qui provoquent le plus sale des naufrages, pour toutes mes presques noyades et toutes tes tentatives de sauvetage, pour nos efforts pour s'éloigner du rivage, pour les bourrasques qui nous rejettaient sur les berges avant la fin du voyage, pour tous les kilomètres que j'ai fait à la nage, pour te fuir ou pour te rejoindre. C'est sur cet autre continent, maintenant que j'ai jetté l'ancre, que je me donne la permission de verser quelques-unes de mon trop-plein de larmes salées dans l'océan, juste parce que tu n'es pas là, pour me faire l'amour sur cette plage, le temps d'une accalmie.



13.7.09

Iryna

J’me suis demandée si aux yeux des autres tu passais inaperçue la première fois que j’t’es vue. J’me suis demandée si j’étais la seule que t’intriguait. Avouons qu’en ne nourrissant mes jours que de longues attentes derrière un comptoir de bois qu’à semi-verni, le temps m’a rattrapée et a pris l’iniative d’assouvir toutes mes banalités. Il faut dire qu’avec ta tignasse dorée et ta silhouette félinienne, t’as le potentiel de faire de ton chemin dans plusieurs crânes… Un avantage que tu gaspilles en te roulant les épaules et en épiant le plancher. Une chance que tu repousses en affichant toutes tes mauvaises manies et l’ampleur de ta maladresse bien trop calculée. Une longueur d’avance qui s’annule à chacun de tes pas mal assuré. L’idée de te transformer m’avait traversé l’esprit. Du haut de mon statut d’employé, j’étais persuadée de détenir les quelques mots qui auraient fait grimper ta confiance en ce monde, même propulsée dans ce pays d’étrangers qui ne comprennent pas ton langage. Ah oui, j’étais certaine qu’une phrase ou deux allaient t’encourager à retirer tous tes masques et à relever le menton. Ta maudite solitude dérangeait. Comme si les autres connaissaient tes secrets et n’avaient aucune envie de les partager avec toi. Ou encore comme si tu t’étais entêtée à bâtir des murs de verre autour de ta fragilité. Te sauver ou m’éloigner de ta pureté trop évidente pour ton âge était le dilemme du moment. Puis un matin, tu t’es totalement métamorphosée. L’enfant timide dont tu devais te débarrasser semblait t’avoir désertée au courant de la nuit, quelque part. T’as fait tout un vacarme en passant la porte du restaurant ce jour-là. Des talons hauts qui ne t’allaient pas du tout dans les pieds, ta démarche vers la machine à café ne s’était jamais autant affirmée. À ce moment précis, j’ai su que non, tu ne passais certainement pas inaperçue, surtout vêtue de ce sourire que tu avais décidé de nous cacher dès ton arrivée en Angleterre. Quelques instants plus tard, j’ai appris que tu retournais à la maison ce jour-là.

There is no place like home. Can we really be ourselves outside of it?