19.5.09

heartbeat.


Je l'attendais dans ma voiture. Missy Higgins devait jouer... ou A Fine Frenzy... De toute façon, The Special Two ou You Picked Me, les deux me faisaient penser à lui... Je l'attendais face au fleuve, les genoux repliés, à 19 ans je réalisais la chance que j'avais de vivre dans ce paysage que des milliers de gens paient des milliers de dollars pour venir voir... 

Je l'ai attendu assez longtemps pour voir défiler mes étés au bord de ce fleuve, hôte de toutes mes larmes, de ma musique trop forte, de mes éclats de rire et de mes baisers. 


Les étés où on a gelé, coincé dans un interminable automne, les étés où on a aimé, souvent envers et contre tous, souvent tout mal, souvent comme des enfants... Les juin remplis de bonbons sûrs et de soirées à la guimauve, les juillets achalandés de ballades en voiture (ces autos qui avancent toutes seules tellement elles connaissent le chemin...), bourrés de films pourris et de crème glacée, et les aoûts qui courent trop vite, qu'on a jamais le temps de voir passer, dont on ne fait qu'écrire la conclusion... ces semaines d'aoûts qui nous déchirent le coeur... «Votre histoire n'était peut-être qu'un simple amour d'été après tout...» 


Les étés où on n'était jamais seul. Où le deuxième voisin venait tondre le gazon, que l'amie arrivait en vélo, que la gang de filles se retrouvaient dans le spa pendant que les gars se tabaissaient dans la piscine (à leur grand désespoir), que le copain se glissait sous les couvertures installées sur le terrain une nuit de perséides, que la famille débarquait comme ça, sans avertir, «on est de passage!!»... 


Les étés en musique... Une guitare sur le bord d'un feu, des voix qui s'élèvent sur un balcon à l'abri de la pluie, des chansons de colonie criées plutôt que chantées, des soirées nostalgie comblés par nos pop stars préférées, des soirées de chance marquées de nos lèvres dans une voiture gonflée de Coldplaydes hits, des hits, des hits... en boucle à la station. 


Les étés ici... 


Et voilà que cet été, y'a rien de tout cela au programme. 


Été 2009. Angleterre-France-Espagne, loin d'ici. 


Faites sauter le toît du Vol de Nuit, envoyez-vous en l'air, fumez, dansez, criez en pleine nuit, dormez en plein jour, embrassez, pleurer à vouloir vomir, puis riez à vous étouffez, n'oubliez rien de nos étés j'vous en prie. 

17.5.09

Vous lisez qui là??! 


Prétendez m'connaître en profondeur, mais savez-vous au moins la couleur de ma surface?

Mon nom commence par un M pour les uns et un P pour les autres. On a célébré mon anniversaire 19 fois, mais je ne me souviens clairement que d'une dizaine environ. J'suis née châtaine en Gaspésie, une odeur de fleuve dans le nez, et j'ai grandi brunette dans une maison de briques grises installée dans un nouveau quartier. À 4 ans, j'ai mis ma vie sur la glace, dans le très joli sens du terme. Je n'ai jamais véritablement enlevé mes patins, par toutes les blessures j'ai developpé l'endurance, la persévérance, et par la chance de vivre d'une passion, j'ai découvert la sensibilité, l'émotivité, l'intensité et la rigueur. J'suis fille unique, mais j'suis devenue la petite et grande soeur de quelques-uns en cours de route pour compenser. J'suis fille unique, mais longtemps on a pensé que je traînais une petite soeur avec moi, une fillette blonde au nez retroussé, en fait, c'est ma meilleure amie, et elle est plus vieille que moi. J'suis fille unique, mais à 12 ans, un gentil garçon m'a prise pour protégée. C'est ce jour-là que j'ai cessé d'avoir peur. De tout. Des hommes surtout. J'suis une éternelle amoureuse. J'aime l'odeur des hommes, leur force, leur orgueil intouchable, leur affectivité inavouée, j'aime enfouir ma tête dans leur cou et me blottir dans leurs bras. À 13 ans, mon regard se dirigeaient vers les trop vieux garçons, aujourd'hui je les crains. Trust issues. 


J'aime embrasser et être embrassé, particulièrement en voiture, j'aime regarder la télé avec une couverture et des chats à mes côtés, j'aime les gadgets électroniques, un dada que mon père m'a transmis, j'aime la vitesse, le danger, l'inaccessible, la langue anglaise, les adultes qui ont conservé leur coeur d'enfants, comme ma maman, les beaux enfants, l'odeur du tilleul et du parfum Aqua Di Gio de Giorgo Armani. J'ai une drôle de relation avec les odeurs, elles me rappelent des lieux, des émotions, des personnes, des journées... L'odorat est mon sens préféré. 


Je n'aime pas, ou plutôt je déteste, parce que je suis une sale extrémiste, les gens qui prétendent aimer tout le monde, dieu que c'est louche, les pamplemousses, la musique trop forte dans les bars, les buanderies, les mauvaises odeurs en voiture, on est confiné à les supporter, les «amis» qui ne rappelent jamais, les filles jalouses du secondaire, elles m'ont pourri la vie pour se libérer de leur faible estime, c'est impardonnable, j'déteste l'insécurité aussi... 


Par chance, j'ai toujours su, et par toujours, je veux vraiment dire toujours, pas de doute pas de plan B, ce que j'voulais faire de ma vie. L'industrie de la télévision m'appelle depuis Passe-Partout et Grujot et Délicat. Petite et encore aujourd'hui, faites des pirouettes devant moi ou inventer moi les plus belles histoires, s'il y a une télévision allumée dans la pièce vous n'aurez pas mon attention. J'veux participer à l'adaptation de notre télévision aux grands changements de notre société et j'y arriverai, même si depuis deux ans je fréquente des gens talenteux (trop) qui me font douter de ma place dans ce monde. 


Je rêve de liberté. Mais seulement par rapport à moi. Tuer mes démons, réconcilier mon corps et ma tête, étirer mes bras face au vent et respirer... 


J'voudrais être une militante. Présidente de la SPCA, ou encore soutenir plus activement la cause des troubles alimentaires, un problème de société qui me tient vraiment à coeur parce que j'ai vécu ce calvaire pendant mon adolescence aux apparences tranquilles. Mais j'suis trop égoïste et j'me contente d'applaudir tout ce qu'on fait de bien de loin. 


J'suis définitivement égocentrique. Mais j'ai beaucoup d'amis, et je les aime tout plein, et j'en prends soin. 

J'suis perfectionniste. Ça me condamne à l'insatisfaction, la perfection n'est pas de ce monde, et souvent ça m'enrage. 

Je mène une lutte terrible contre la naïveté et le mensonge. Mais l'innocence me charme. 

J'suis une solitaire. Je joue seule. Je me parle toute seule, je me mène d'excellentes entrevues... Mais je souhaiterais parfois qu'un homme me tienne la main constamment. Je suis célibataire depuis deux ans. En couple de mes 14 à mes 17 ans. Trois hommes ambitieux, que j'ai aimé de mon mieux, mais ce n'était pas assez. Aujourd'hui, j'ai l'impression que je n'aimerai plus, et surtout qu'on ne m'aimera plus. 


Je suis une maman bien avant le temps. Je surprotège mon entourage. Ça les énerve ou ça les touche, dépendamment des saisons. Je tiens probablement ce défaut/qualité de ma grand-maman. Grand-maman Quedoux. Je porte son nom, Claudia. Jeune, j'en voulais à mes parents de m'avoir infligé le trait d'union et ma mère me disait: quand tu seras plus vieille, tu changeras pour Claudia!... Ce que je n'ai jamais fait. Je ressemble beaucoup à cette femme. Je traîne une peur immense de la perdre bientôt et ça me tire les larmes juste d'y penser... 


Je pleure très facilement. Comme je ris très facilement aussi. J'suis une femme-enfant. Je joue à l'adulte indépendante, «au-dessus de ses affaires», mais je m'ennuie de ma maman dès que j'suis loin d'elle. Je conduis des grosses voitures, mais je m'arrête souvent en chemin pour imaginer des formes aux nuages. Je désire sauver tout le monde, mais j'ai peur de tout, de toi.


J'suis toute en contradictions, de quoi mélanger tous les hommes qui m'entourent. 
Je crois que j'ai une grande capacité d'aimer, mais que je ne sais pas quoi en faire. 
Je crois aussi que l'apprentissage de la vie se fait à travers les paroles des chansons. 
Et que peu importe les masques, les robes, les hommes ou les parfums, je serai toujours la gamine du Bas-du-fleuve aux idées plus grandes que sa nature. 

16.5.09

necklace

On m'a offert une clé. 
Toute petite, toute délicate. 
Bien trop menue pour s'attaquer à l'ouverture d'une quelconque porte. 
Même pas celle d'Alice. 
Elle est tellement légère qu'elle doit rester accrochée en tout temps à une chaîne d'argent. 
Elle se cache derrière les autres breloques qui se balancent sur la même chaîne 
que j'me suis dépêchée de passer à mon cou. 
On m'a offert une clé qui en apparence ne dévérouille rien, 
qui manque en quelque sorte à sa mission de clé... 
Et il n'y a rien de plus beau qu'une clé lorsqu'on ne sait pas ce qu'elle ouvre. 



(Sans le savoir, t'as tourné la poignée d'un paquet de portes 
en enfermant ce bijou dans une boîte bleue aux fleurs blanches)



woman king.

J'ignore ce qui s'est passé dans les dernières semaines. 
On m'avait dit qu'une plume s'égare facilement, sacré vent, alors qu'il valait mieux la garder avec soi et la faire danser tous les jours. Tous les jours. Ce que je n'ai pas fait, donnant l'impression que je m'étais égarée avec elle et avais sombrée dans un espèce de néant, dans une profonde banalité. 


Ce n'est pas tout à fait faux. 
J'ai enfilé les jours comme les masques ces derniers temps, mettant les émotions à la porte de mon appartement et me contentant de son corps pour les frissons. Son corps que j'avais oublié, ses mots que j'avais supprimé dans le but de décrocher. J'ai fait mes nuits, meublé mes jours d'obligations. Je me suis tenu debout, j'ai même remarqué que j'avais grandi de quelques centimètres en me relevant le menton. J'ai déménagé. J'me suis installée dans un ailleurs tranquille et sans remous, un ailleurs qui me promettait tout plein, mais n'accomplissait rien. J'n'ai rien fait de grand... J'me suis assoupie dans un coin de ma chambre et j'ai attendu. Attendu quoi j'en sais rien... Ce qui me fait envie aujourd'hui m'ennuie demain, alors... 


Et ce n'est pas tout à fait vrai. 
La banalité m'enrage. La dramaturgie me garde en vie. Pas celle qu'on s'invente, pas celle qu'on se crée, mais celle qu'on provoque, celle qu'on porte par défaut. J'ai hiberné par chagrin d'amour et je me suis réveillée dans les bras d'un autre, portrait typique de l'ado en crise, mais je m'en fou. J'ai échangé la grande histoire pour quelques baisers volés.Une idée de liberté qui m'a prise. J'ai osé la déclaration avant qu'on me fasse taire d'un chuchotement dans mon oreille droite. J'ai plié bagages et je me suis enfuie à la maison avant de partir pour de vrai, cette fois-ci pas pour fuir, mais pour vivre. Détruire le quotidien que je défile. Mourir à chaque pas pour renaître à chaque escale. 
Adieu l'amertume. 
Maintenant que j'suis bien éveillée, que j'suis sortie de ma torpeur, que j'ai lâché prise et rattacher mes lacets... Regarde-moi... 



















I'm running through the music, stepping on each note
I'm running through the pictures, playing everyone's role
I'm running to the top...
Running from the fear of not knowing where I go.