26.6.09

Brighton, UK, 26 juin 2009.


Ça sent la mer, la vraie, celle qui provoquait mes hauts-le-coeur après des heures de voiture à voyager vers la Gaspésie, ça sent la Gaspésie. Mais on s’y habitue après quelques jours l’air salin ne nous surprend plus… On s’y habitue trop vite peut-être.



C’est plein de poussettes, d’enfants nés d’une vague. C’est plein d’enfants et de personnes âgées qui se nourrissent exclusivement de glace et de barbe à papa sur un vieux quai décoré d’un carrousel et de quarante-huit machines à sous.


Ça semble être le lieu d’évasion de bien des hommes et des femmes en quête d’une dernière folie avant de se passer l’anneau au doigt, on dirait aussi que tous les rejetons de cette société anglaise y ont trouvé leur terre d’accueil. Les ados n’ont aucune pudeur et ne manquent pas de panache, leur délinquance transpire dans les bars entassés sur les rues comme s’ils se soutenaient les uns sur les autres, leur indifférence transparaît dans chacun de leur mouvement et cette période de passage vers la vie de grande personne ne semble jamais se terminer. Une odeur de liberté se mélange à ma peau parfumeé à l’écran solaire et à l’aloès. C’est que le soleil tappe fort ici.



C’est vide d’âmes grises comme la mienne, celles qui flottent ici se retrouvent probablement doré par les rayons qui fuient entre les pierres blanches et jaunâtres de cette interminable plage. Mes ongles prennent une teinte rosée, et mon âme a l’air de doucement faire de même…



Tranquillement, les idées se transforment avec les marées. Un peu plus rapidement que prévu, des visages s’embrouillent et d’autres alimentent les instants d’ennui. Bien trop vite, je grandis d’un pied et je saisis le bonheur de la main gauche...

tied down.

T’es pas le genre de gars qui reçoit du courrier… Les lettres parfumées de sa fragrance et saupoudrées de soupirs et de joues qui se colorent, tu connais pas. T’es pas le genre de gars qui cache une boîte en carton noir sur la derrière tablette de son garde-robe, labellé d’un truc aussi kitsh que «Memories», verrouillée d’un simple ruban de satin et rempli de banalités qui se prennent pour des trésors. T’es pas non plus le genre de gars qui provoque l’insomnie, les frissons, la grève de la faim ou la boulimie. Tu seras jamais le genre de gars qui se fait réveiller en pleine nuit par le bruit des cailloux lancés dans sa fenêtre, ou qui se voit forcer de garder les yeux ouverts jusqu’aux petites heures pour écouter le récit de sa vie familiale et de ses ambitions. Ton nom n’est même pas matière à graver sur les pupitres d’école ou dans les salles de bain des filles. Ton corps ne vaut pas la peine d’être dessiné dans aucun cahier. On n’agence pas ton prénom à celui d’une autre, les unissant dans un cœur traversé d’une flèche.


Tu dois même pas savoir que les filles aiment être embrassées sous la pluie, mais qu’elles le regrettent quand tu regardes ensuite leurs cheveux avec un drôle d’air, que des fleurs offertes sans aucune raison, ce n’est pas louche, c’est 30 points boni, qu’une facture au restaurant ne se divise pas en deux et qu’une porte tenue ouverte, ben c’est encore ben correct.



Non, toi t’es le genre de gars qui crache sur les histoires et embrasse les idylles. Le type qui s’en fou, qui ne remarque que les gains de poids et les erreurs capillaires, qui a peur des femmes… mais qui ne pourrait dormir sans elles.

Le genre de gars à qui on s’interdit de penser, pour une nuit ou pour la vie. T’es l’inaccessible, t’es l’invincible, t’es l’homme-enfant, t’es celui qu’on ne veut pas, qu’on aime détester et qu’on déteste aimer.



T’es celui qu’on ne regarde pas dans les yeux trop longtemps, une question de secondes et il est trop tard. Ton odeur dans les narines malgré tout ce qui flotte dans l’air, ton visage dans le crâne malgré la foule qui dérange, toi qui réussit à se faire entendre même en chuchotant et tes mots qui martèlent malgré le vacarme qui enrage.



T’es pas le bon. Mais j’sais que t’es le mien.

Eh merde.


Tu me permets de continuer de te garocher des mots par la tête?