31.8.09

we built this city.

Et moi qui roule toujours trop vite, je ralentis franchement pour tout éteindre de mon index gauche (j'suis gauchère, j'ai décidé ça à 3-4 ans). Phares, lampadaires, luminaires, belvédères. La noirceur au bout de mon doigt, au bout de moi. Croyant leur faire une faveur, je laissai les étoiles tranquille et les constellations se former. Ne connaissant que grande ourse, je l'attrape du regard partout, toujours dans l'angle de mon oeil gauche, ou de mon oeil droit, trajet vers le Nord ou vers le Sud. Je n'ai pas le sens de l'orientation. Coincée dans un black-out provoqué, j'arrête le moteur, je monte le son; same black day, high rise grave. Gênée par la civilisation, j'avais libéré la brillance du ciel et je n'l'avais que pour moi ce soir. J'n'sais trop quoi en faire. C'est grand l'infini, je n'en regarde qu'une parcelle et je m'étourdis. Ça fait peur l'infini, je ferais mieux de souhaiter un orage pour embrouiller ma vue et ne plus y penser. Je ne connais rien en astronomie de toute façon. Trop petite sous cet immensité, je rallume un lampadaire, je me sens moins seule. Il est tout incliné devant moi, que nous vaut cette révérence sur notre passage j'm'le demande. J'me demande aussi si les arbres dansent dès que nous avons le dos tourné, si les étoiles filantes ne sont en fait que de lâches décrocheuses, si les autres les regardent d'un air hautain, comme en bas, comme ici, si la route se craquèle sous le poids de nos grosses voitures ou nous dessine un chemin alternatif que nous sommes trop naïfs pour reconnaître, si, si, si, si, sifflé sur une mélodie que j'ai choisi. 


J'ai peur de moi dans le noir. Mes adieux au lampadaire incliné et j'rallume tout de mon index droit, sens inverse. Vitesse. J'aggripe un morceau de firmament que j'dissimule dans la p'tite poche intérieure de mon manteau de lune. 
Paraît que j'ai le regard qui scintille depuis. Depuis ça, ou depuis toi. 


J'conduis trop vite. 

26.8.09

sky.

Ta maison a une odeur. Ta maison a une odeur qui m'pogne au coeur. Des étés qui se comptaient sur 4 doigts avaient passés depuis que j'y avais passé la porte. Ça faisait longtemps, trop longtemps, et malgré les élans de nouvelle déco de tes parents qui trouvent la maison bien vide sans toi, rien n'avait bougé, même pas le foutu stylo près du téléphone. Ta mère place toujours les bonbons sur la plus haute tablette et cache toujours ses sous au même endroit, un emplacement qu'on avait mis peu de temps à découvrir... Fuck même la vaisselle qui traînait dans l'évier devait être la même «dans le temps». 

Poussée par les échos de notre dernière rencontre, j'ai  grimpé les escaliers d'un pas un peu tremblotant, c'est niaiseux, je craignais ce que j'allais voir à l'étage. Sans y penser j'ai tourné mes talons vers la gauche, un p'tit chemin que j'ai parcouru tant de fois. Je me suis arrêtée sec dans le cadre de ta porte, je n'aurais pas osé un pas de plus. 

- «Ça sent le mort là-dedans à c't'heure j'trouve...», que ta soeur m'a lancé. 
- Ouais... 

Sans tes t-shirts rangés sur le plancher, ton affreuse couverture que tu t'obstinais à étendre sur ton lit, ton bureau en bordel et ton pot dans l'coin, ça donne un coup. Rien n'avait changé dans cette foutue maison prête à craquer sous tous les souvenirs qu'elle porte, mais ta chambre n'avait rien de la pièce qui nous a connu. 

Les bras croisés, j'ai revisionné le film de notre vie dans cette chambre de gamin... Les baisers, les chuchotements, les fous rires, les «fais attention pour pas réveiller les parents», les bijoux oubliés sur ta table de chevet, les «allez réveille-toi!», les sauts dans la chambre de ta soeur, juste à côté... Merde ça défilait. Ça défilait et sans m'en rendre compte, j'te jure, mes deux pieds m'avaient conduit jusqu'à la porte de ton garde-robe, entreouverte comme avant c'est drôle... En un coup d'oeil ce que je cherchais sans le chercher m'a sauté aux yeux. La boîte. La maudite boîte blanche que j'avais barbouillé et rempli de trucs qui te feraient penser un peu à moi pour tes 16 ans. Je savais qu'elle allait être toujours là. J'te l'avais offerte une nuit de perséides. 

Chaque nuit de perséides t'est dédié depuis. Dédié à l'homme que j'ai connu, pas à celui que t'es devenu. 

-seeing you like this, down and hurt so badly
when you have been so kept together...
what's this?-

J'suis sortie de ta chambre le coeur gonflé de peine et de colère, un peu comme j'suis sortie de ce bar samedi dernier. 








24.8.09


"tick tick tick on the watch and life's too short for me to stop
baby, your time is running out
i won't let you turn around,
and tell me now I'm much too proud
all you do is fill me up with doubt"

this time baby i'll be bulletproof

la suite.bientôt.
 

22.8.09

lose all control.

On est le 20 août. J'sais pas quel jour de la semaine on est, j'reviens d'un long voyage et j'suis mêlée, «sur le décalage horaire» que j'dis à tout le monde, mais c'pas vrai, ça n'm'affecte jamais ça, ce n'est qu'une excuse pour mes incongruïtés. 


On est le 20 août et ça fait 17 dodos que j'attends cette date-là. Il fait chaud dehors, un beau soir d'été, j'trouve ça le fun. J'me dis que j'devrais porter un short blanc pour montrer mon bronzage et mes plus hauts talons en espérant qu'il me dépassera toujours de quelques pouces. J'suis superficielle. J'mets 40 minutes à me préparer. J'sens bon. La musique joue ben trop fort dans ma chambre, mais je n'en pouvais plus d'entendre mon coeur se débattre pour sortir de ma poitrine et me traîner par la main pour que j'accélère. 


J'embarque dans ma voiture 15 minutes en retard dans mon horaire. Y'ont mis de l'asphalte neuve sur la 132, ça roule ben en criss. La belle alphalte efface mon retard et j'arrive pile à l'heure. L'heure des retrouvailles, des cris hystériques et des yeux plein de paillettes. L'heure de tout se dire en fast forward, y'a le temps à rattraper, un été nous a séparé, pis une gang de filles, tu sépares pas ça trois mois de temps.  


- blah blah blah. 


(sourire. éclats de rire. 2 becs. sourire. x2.) 


La nuit pour complice, les constellations s'entassent et je passe la porte de ce bar jamais assez bondé avec une nouvelle assurance achetée en Europe. Deux mots, deux drinks. Sky's the limit. J'm'avance sur ce plancher de danse que j'ai trop de fois martelé de mes pas en me secouant les cheveux, admirant mon escouade déjà sur place. La tête par en arrière, les bras en l'air et ma voix qui s'élève, j'ai envie de crier à ma nouvelle liberté. 


Entre deux sourires échangés entre amis de bien trop longue date, son parfum me prend au coeur comme s'il me tenait par derrière, sa peut-être présence dans l'endroit me secoue. Je me presse à sortir comme si je manquais d'air et son reflet se dessine dans le coin de mon oeil droit. Les mains dans les poches je me flanque devant lui. Il s'est levé de son siège comme au ralenti, je l'ai attendu une éternité il me semble, y'est venu m'embrasser. On avait tout à se dire, aucun mot n'était que calibre pourtant, et pour l'instant, on s'en foutait. 


Les mains dans ses poches, j'le gardais avec moi pour la nuit...


I gotta feeling that tonight's gonna be a good night. 


Ses bras autour de mes épaules, j'reconnaissais tous les visages qui m'entouraient, et la vie était belle en esti. 

J'voudrais raconter la suite, tout ce qui s'est dit, tout ce qu'on a trouvé drôle, j'voudrais raconter que V a oublié ses clefs dans son char, que J nous a fait éclater de rire à plusieurs reprises, que l'autre V avait une chance sur 5 de faire l'amour ce soir-là, que les deux hommes de ma vie étaient là, et que c'est tout ce que j'demandais, qu'on m'a payé trop de verres, qu'on a veillé sur le perron trop longtemps, que mes deux chansons préférées se sont enchaînées et qu'on ne s'est jamais couché, mais j'préfère me taire. 


J'vais me préparer. On sort ce soir.