4.11.09

go ahead

Je traînais sur le sofa depuis des heures, mon cellulaire vibrait sans cesse, le téléphone «ne dérougissait pas» comme dit maman, les épisodes de ma série fétiche du moment s'enchaînaient et j'commençais à avoir chaud sous ma pile de couvertures, sous mon tas d'oreillers d'plumes. Un peu machinalement, j'me suis levée, j'ai troqué mon boxer pour un jeans, j'ai enfilé un gros pull de laine et des bottes de cuir et j'suis sortie, sans maquillage, les cheveux relevés et mon porte-feuille pour seul bagage. Malgré tous les arbres de Noël apparus bien avant leur temps dans les vitrines, c'est un air qui s'apparentait à septembre en ce début de novembre qui m'emplissait les poumons. Je n'avais aucune idée d'où j'allais, mais je préférais les grandes rues aux p'tits raccourcis parce que ces gros immeubles me font sentir toute petite et j'aime ça. J'avançais la tête basse, comme surpris du chemin que mes bottes avaient choisi de prendre. La destination se dessinait.

Je me balladais d'un bon rythme, en sautillant et en dépassant tous les gens sur ma ligne, je les bousculais presque, en petite madame pressée que je n'étais absolument pas. Au passage j'leur imaginais toutes sortes d'histoires à ces gens bousculés, je marchai même assez longtemps pour réécrire le scénario que quelques hommes m'avaient fait écrire. Leurs visages se succédaient à la vitesse des coins de rues, au prochain stop je t'aime, à la lumière tu me détestes.

J'approchais.

Mes bottes de cuir noir semblaient avoir choisi de m'emmener là, comme si l'endroit était réconfortant, comme si elle devaient s'en charger parce que je ne m'y serais jamais rendue moi-même.

En tournant l'coin j'suis entrée dans le premier commerce que j'ai vu. Une feinte aux bottes magiques et une idée qui m'a prise de me convaincre que finalement j'étais probablement sortie par manque de fond de teint make up forever à 41.00$. J'suis ressortie avec une nausée causée par ces étagères de fragrances mélangées. Je sentais bizarre là. fuck.

Je me suis arrêtée devant l'numéro de ta porte. Je l'ai regardée, en croisant les doigts pour qu'elle reste fermée.
12 pas. J'cogne en levant les yeux au ciel, j'm'exaspère mais la pleine lune semble être d'mon bord.

Tu m'ouvres doucement et tu restes flanquée devant moi. L'éclairage du fond de la pièce dessine ta silhouette à la perfection, ta carrure m'impressionne jusqu'à la cime de tes cheveux bruns. J'croyais devoir faire face à un regard qui me questionne et des sourcils qui se froncent, mais tes yeux verts regardent droit dans mes yeux bleus. J'réponds d'un sourire en coin gauche et tu te pousses pour me laisser entrer. J'te trouve beau et j'me sens comme une ado de 15 ans en m'assoyant en indiens dans ton fauteuil. Tu t'assoies à mes côtés et tu m'regardes, probablement amusé de me voir là.

- C'est mon anniversaire aujourd'hui.
- Je sais.

Tu passes ton bras autour de mes épaules et t'allume ta télé. Y'a Desperate Housewives qui joue en reprise, et tu n'as pas l'air d'avoir l'intention de changer de chaîne.






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