18.11.09

if the lights go out.


À l'heure qu'il était, la nuit avait terminé de me surprendre, bientôt les néons s'allumeraient et je rentrerais chez-moi, seule et à moitié ivre dans un taxi que je paierais trop cher.

Je restais collée sur mon banc, les coudes sur le bar et la tête entre les mains, inclinée vers la gauche, tu me parlais d'un truc sans intérêt depuis des heures, m'empêchant de danser ou de m'enfuir, et parce que je ne trouvais rien à te répondre, je nous alimentais de sourires en coin en fixant mes yeux sur tes lèvres. T'étais là depuis bien trop longtemps, on baignait dans la teinte bleutée des verres vides qui traînaient devant nous, auditoire muet responsable de ton trop-plein de mots et de mon silence inhabituel. Tu devais te douter que je n'avais rien à foutre de ton discours, que j'te trouvais beau et que si ce n'était pas de ta main qui venait de se poser sur mon bras, j'serais dans mon lit depuis un moment déjà, à m'imaginer la scène que tu étais entrain de me jouer. Tu devais t'en douter parce que brusquement tu cessas de parler. Franchement, il était temps que tu te taises. J'relevai la tête et fit pivoter mes jambes vers toi pour débarquer de mon banc dans un élan. J'me mis à bafouiller quelques mots de fin de soirée, je parlais comme ça pour combler le silence que t'avais provoqué et que je ne croyais pas manquer et ta bouche se retrouva sur la mienne. Et pour 3, 5, peut-être 12 ou même 15 secondes, tu m'as embrassé. Je n'sais plus si ça m'a surprise ou pas, ça s'est passé rapidement et j'suis sortie dehors en laissant mon manteau sur mon banc, comme si le froid allait m'faire oublier. Je restais là, sans me rendre compte que j'me tenais devant la porte. J'empêchais les gens d'entrer et je les poussais à me bousculer à leur sortie. Y'a la voix gentille d'une jolie blonde qui me secoua.

- Excuse-moi... tu bloques la porte et j'suis complètement gelée!

Ta blonde.

J'me souviens plus très bien de la suite. J'ai dû me remuer et faire quelques pas de côté, j'pouvais pas me concentrer sur son visage.

T'en fais pas pour moi, je sais comment on fait dans ces histoires-là, parce que je me suis déjà tenue debout à chacune des pointes de ce triangle.

J'ai joué tous les rôles, j'espérais seulement que ce coup-là, ce n'serait que toi et moi.



1 comment:

little j. said...

j'connais ça les triangles.