2.2.09


J'arrive entre ce que tu es, ce que tu dégages et ce que tu crois être et il y a beaucoup trop d'espace
De l'espace à ne jamais se trouver, à douter pour toujours, du fond de vérité...
De l'espace entre ce que j'ai cru et ce qui est. 
Mais c'était si beau vu de loin, j'en suis presque tombée. 
Je croyais te lire, mais entre ce que tu es, ce que tu dégages et ce que tu crois être il y a beaucoup trop d'espace. 
De l'espace que toi-même ne sait habiter, que tu perds à toujours douter
À tellement te mentir, tu finis par te croire 
Mais c'était si beau vu de loin, on croyait presque que tu ne faisais qu'un...
C'était si beau vu de loin, un moment j'ai même cru que c'était toi... mais tu n'étais pas là. 
- espace. amylie.
 
My life's fucked up. And you fucked it. 
(fiction.)


9 juillet 2009. Alicante. Espagne. 

- T'as tu chaud toi?
- Non... J'suis bien là. Pourquoi?
- Parce que moi oui.. je me meurs. 


Tu venais de débarquer ici. Sans m'avertir. Sans email, sans carte postale.. quelque chose. T'as osé sortir de ton Plateau et te pointer ici. Sans savoir que si j'suis partie, c'est pour te fuir, si j'suis ici, c'est parce que tu me nuis. T'es con. T'as roulé vers l'aéroport en rêvassant, moi j'laissais ma trace dans c'pays en t'effacant. T'as pas vraiment le droit de te permettre d'arriver ici comme ça. Avec tes valises pleines d'Elliot Smith et des Weepies. Avec ton odeur dans l'air qui venait tout juste d'enfin me quitter la peau. Avec ta beauté beaucoup trop évidente sous ce soleil d'Europe. Tu peux pas me faire ça. Sans remords, je te demande de booker le prochain vol pour Montreal. Ou va t'éclater en France, j'en ai rien à foutre. Mais va-t'en. Ça allait. Je change ici. J'ai troqué mes robes noires et mes talons vernis pour une robe blanche et une ceinture de cuir. Je me lève tôt. La lumière ne me fait plus peur. Je me lève tôt et j'parcours la ville jusqu'au bout, à pieds, jusqu'où les touristes se bousculent et que les rues se tortillent. J'suis d'ici maintenant. Loin de toi. Loin de nos calvaires. J'me sens libre depuis que tu m'as libérée de ton étreinte. Tu me frustres. Pars esti. J'y crois pas à tes sacs de faux bohème et ton aventure d'égocentrique. Ton périple en surprise mal réfléchie. Sors de cette auberge pleine à craquer de fugueurs en mal de l'âme. Tu vois bien que t'as les yeux qui brillent trop pour ce genre d'endroit. T'illumines l'étage. Non, franchement sors d'ici. Ton corps ne me suffit plus. Ton odeur me dérange et ce que tu dis me rejoint plus. J'ai grandi. L'enfant que tu tenais par la main est mort quand tu m'as déserté. Et dans ma nouvelle vie de grande fille j'suis partie en guerre contre toi. À distance. Loin, loin pour que tu me suives pas. Alors j't'en pries. Retourne à la maison. Je faisais du bon boulot avant que tu viennes me déranger. 


- Hé... Pourquoi t'es là?.. J'veux dire, pourquoi t'as fait ça?
- ... Je sais pas. Pour vrai. J'ai suivi une pulsion..T'es pas contente? 
- C'est fini. Et c'est ta faute. J'veux dire... C'est ton move. J'comprends pas ce qui t'as pris. 
- J'y est même pas pensé. Ça se pouvait pas la vie à Montréal avec toi qui est pas là. J'me suis pas posé de questions j't'es suivi. J'm'excuse. 
- Ouais. Tu peux pu me suivre comme ça. 
(Ça me tue à chaque pas que tu fais) 


De toutes mes forces, du haut de ma vie, j'aurai tenté de te fuir, de me verrouiller le coeur et me fermer les paupières. Je vais toujours courir et me cacher jusqu'à ce que tu te décides à me chercher. Au-delà des galères, des envies d'haïr, au-delà des tempêtes et à dos de p'tite cuiller jusque de l'autre côté de l'océan, jusqu'à l'autre rive, je t'aimerai à contre-courant. 


- J'suis désolée. Tu peux pas rester. J'peux pas me faire ça. Avancer au gré de tes vagues d'humeur, suivre le courant de tes battements qui manquent sérieusement de rythmique. Je vais crever. 


Et c'est ainsi que, les cheveux en chignon, les joues en feu et les yeux à marée haute, je te laissai là, près de ce quai-là, qui craque d'un trop plein de souvenirs... à mon tour, je te laissai là. Perdu. Une aile en moins. 

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