21.12.08

beauty fades. fiction.

Quand j'pense à nous y'a pas vraiment de mots, de bouts de phrases qui me viennent en tête. Tes yeux, ton odeur qui se mêle à mes cheveux épais, la vue que j'ai par-dessus ton épaule lorsque tu m'serres dans tes bras, ça oui, ça c'est des trucs qui me viennent quand j'pense à nous. Comme si de ma vie je ne faisais que te regarder, t'observer vivre. Mieux que tout le monde. Mieux que moi en tout cas... J'apprends par observation. On menait un p'tit quotidien ben calme nous, pas trop de drames qui se brassent, pas trop d'histoires, que quelques instants piégés dans l'éternité après qu'on y soit passé, que des éclats de rire qui finissent jamais d'éclater, que des mains qui se prennent sans que les sentiments tremblent, que des lèvres qui se frôlent et des sourires qui s'assument sans que le coeur vascille. 
C'était le premier soir d'hiver. La première soirée où l'hiver se permettait d'être insultant en nous textant du froid tellement cruel que les narines te collent, les genoux te claquent et les lèvres te bleuissent. Ok non on était pas en hypothermie, mais on gelait en tabarnak. On aurait pu rester au chaud, mais on a décidé de sauter dans un taxi qui nous emmenerait assez loin pour que nos voix s'élèvent, que nos pieds se réchauffent, que la lumière se tamise et que la musique nous rende tous sourds. C'est tout en haut de mes bottes de cuir noir devenu brun, tout en haut de moi qui te dépasse d'un centimètre, tout en haut de ce building sale rempli de gens qui bougent mal et qui crient trop que j'ai essayé de t'embrasser. Parce que même si j'ai mis une heure à m'épaissir le eye-liner et me glosser les lèvres, j'me sens moins laide quand tu me prends par le cou, je me sens mieux quand tu me tiens. J'ai réussi, mais en me dégageant, tu m'as pas souri. De ta beauté tellement plastique que ça fait de toi un être recyclable, de ton bonheur tellement aveuglant que tu le rends encore plus inaccessible, ton sourire du gars qui s'amuse plus que prévu... Dans ma tête j't'es fais une scène, je t'es balancé des «Qu'est-ce que t'as là??!!» avec de la colère et de l'insatisfaction plein le décolleté, mais en vrai j't'es seulement rendu ta face neutre. 

- Y'est 3 heures moins quart. J't'anné. 
- Ok. Mais avant qu'on parte suis-moi 2 minutes. Qu'on s'amuse. 

Que tu me fasses danser en descendant tes mains le long de mes cuisses, que j'te fasse courir jusque dans un coin sombre de cet endroit rempli de clarté artificiel, que tu me prennes les joues roses et m'embrasse à pleine bouche, que tu me «you're a good kisser», que tu me «welcome in Montreal», que tu me trouves wild, que j'te trouve beau et que nos lèvres se collent comme nos narines, chaque fois qu'on tente de respirer. 

- Non... 

En sous-titre: 
Non. T'es trop vieille pour jouer. T'es trop grande pour cacher tes baisers, t'es trop égoïste pour te sentir bien dans ton esti de jeu croche, t'es trop émotive pour me faire accroire que tu feel rien quand j'te mords la lèvre, t'es trop ambitieuse pour te contenter de ce que j'te donne, t'es trop jeune pour comprendre ce que j'ai saisi, t'es trop épuisée pour chercher plus loin que moi, toujours en face de toi, t'as l'coeur trop facile d'atteinte pour m'faire gober que tu ne fais que t'amuser avec moi en laissant ton sac de feelings à la maison, t'es trop saoule pour que j'continues de te suivre dans les escaliers... 

On m'avait jamais dis non comme ça. Je prends mal les refus, j'les prends pas pentoute en faite. J'ai au moins besoin d'un drink pour les avaler moins de travers. J'ai eu envie de te pousser et de partir en claquant des portes, qui ferait résonner mon humiliation, mais en manque de portes j'me suis dirigée vers le bar en faisant claquer mes talons et secouer mes cheveux épais. J'ai enfilé des verres d'inconnus pis j'suis sorti dehors. Me faire prendre au coeur par le froid. Geler assez pour pu rien feeler. J'feelais trop. J'voyais trop clair, fallait que les larmes m'embrouillent le regard pour que j'me retrouve un peu dans ce flot de sentiments injustifiées aux yeux du monde entier. J'me suis forcée à pleurer pour pu rien voir devant moi et j'ai appelé un taxi de la main, à l'aveuglette. T'as sauté sur le siège à côté de moi. 

- Décaliss. 

Que j'ai pas osé te dire. 

On a roulé pendant ce qui m'a semblé des heures. J'suis sorti de cette voiture où le chauffage était ben trop étouffant. Et t'es sorti toi-aussi. 

- Qu'est-ce que tu fais??!! 
- Come on esti. 

Pis là tu me serres dans tes bras. T'embrasse mes joues mouillées par des larmes de j'sais pas quoi bientôt gelées, tu me chuchotes plein de choses, j'essaye de me boucher les oreilles avec mes cheveux épais parce que criss, je les mérite pas tes belles paroles pis t'es qui pour me les garocher après m'avoir fait honte... J't'écoute quand même... 

Et dans ma vie, même avec mon mascara coulé, mon genou erraflé, mes yeux bouffis et mes cheveux qui partent dans tous les sens, jamais je ne m'étais sentie aussi belle. 


Game Over. 

1 comment:

marie-ln said...

ohh wow.. sam fait capoté