13.12.08

00:36. J'avais envie de jaser.


C'est pendant que Montréal gèle que j'me décide à fondre et bouger mes doigts engourdis.

J'entends parler d'elle et j'réussis à garder mes yeux ouverts ma belle, j'ai encore mal au coeur, mais je ne ferme plus les paupières dans l'espoir qu'elles auront le pouvoir de détruire les mots qui me tabassent les tympans. J'suis sortie de la laide Montréal quelques jours et j'ai eu le temps de saisir des tas de trucs. J'ai réalisé que j'avais peur de tout, alors qu'enfant je ne craignais rien. J'ai peur que mon histoire avec mon état américain (je t'en pris suis-moi dans mes subtilités ma belle) ne dure pas toujours, j'ai peur d'en mourir. J'ai peur de tout voir et d'en avoir mal, mais j'ai encore bien plus peur d'être dans le noir, de ne rien savoir. L'idée d'avoir le contrôle m'est séduisante, mais les pertes de contrôle me font sentir si vivante. J'suis en contradiction constante. J'suis grise jusqu'au bout des cheveux. J'ai choisi d'être consciente et de m'enraciner au sol quitte à flirter avec le chagrin, plutôt que de planer en imbécile artiste et séduire le bonheur quotidien d'un sourire naïf. C'est jouer à l'adulte qui a tout vu et qui s'est fait voler son insouciance, mais l'enfance de l'âme ne m'attire plus. Je ne m'émerveille plus autant qu'avant des petites choses, ça m'attriste un peu ma belle, peut-être qu'un jour un homme cognera à ma porte avec un bouquet de confiance et ma naïveté retrouvée dans sa poche de jeans... peut-être. D'ici là je regarde aller ceux qui n'ont rien vu, pas comme toi, pas comme moi. Est-ce qu'on est déjà désillusionné? Ce serait d'une tristesse infinie... Et souvent je me dis qu'on a encore rien vu, et que même avec les genoux écorchés, le coeur affaibli et l'envie de battre en retraite... Jamais on ne claquera la porte aux regards plein de regret, aux retours imprévus, aux odeurs familières... On se croit fortes, mais on est fragiles ma belle. Les phrases que je t'écris sont teintées de désespoir adolescent ce soir, on dirait que j'ai l'âme fatiguée. Les lignes de ma main se sont effacées... J'croyais savoir où j'allais et le chemin pour m'y rendre, mais les lignes de ma main m'ont déserté et je ne vois pas plus loin que le bout de mon été. Alors sans elles, je me vois floue. Je te jure, dans les glaces, mon reflet est d'une clarté douteuse. Qu'une forme humaine qui prend le métro et en ressort irritée des autres formes humaines trop amicales avec mon corps d'inconnue. Ce texte-là part dans tous les sens, c'est confus ma pauvre. Des tas de pensées lues en accéléré. Bienvenue dans mon crâne. Je n'avais rien de spécial à te dire ma belle, j'me suis juste dit que j'aimerais que tu sois ici, avec ton accent, tes drôleries et ta beauté. Je me serais assise à côté de toi avec mes manières, mon envie de pleurer pour rien et mes confidences improvisées... sur la vie, sur la mienne, sur la tienne. On aurait fini par parler du royaume qui nous unit, j'aurais souri de rêverie, toi de te souvenir. 

good night sweety, -xoxo-
P. 

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