27.4.09

Pour vrai, je sais pas par où commencer. 
J'ai jamais fait ça. 
Je t'ai même pas salué. Peut-être que toi tu le fais tous les jours et que je ne l'ai jamais remarqué. Jamais senti serait probablement plus exact. 
Je sais pas par où commencer parce que j'ignore si tu me connais, si tu m'espionnes et me protèges de loin, ou si tout ça ne naît que de mon âme en quête d'une réponse à ses tourments. 

Je sais pas quoi t'écrire parce que j'veux pas te décevoir. C'est la première fois que je me tiens devant toi la tête haute, je veux seulement te chuchoter ce que tu veux entendre... C'est la première fois. M'espérais-tu encore? M'espérais-tu? 

Ta présence est-elle sélective ou tu t'obstines à veiller sur tous ceux qui t'ont aimé? Tes deux fils se tournent le dos depuis des années, ça te fait quoi? Peux-tu pleurer là-bas? Quoique la douleur n'existe peut-être plus... sinon à quoi bon quitter le plancher. Ta femme se rapproche un peu plus de toi chaque jour je pense, si tu savais à quel point ça me terrifie. T'as supprimé le mal qui la traîne vers toi dans le rêve d'une de tes filles, recommence. Fais-là courir vers toi si elle doit absolument te rejoindre au moins. Mais laisse-la me raconter la vie que je n'ai pas eu le temps d'admirer. C'est l'anniversaire de ta plus jeune aujourd'hui... Chaque jour, je tente de lui ressembler un peu plus. Est-ce qu'elle te parle souvent? J'imagine que sa maman discute avec toi tous les jours... Et que tu es à l'écoute depuis toutes ses années. J'imagine, je présume, je suppose, parce qu'en ce monde où rien n'est certain, j'ai envie de tuer le doute avec toi. Te faire survivre. Et là je me dis que c'est peut-être un peu égoïste...Remettre mon destin entre tes mains et croire en ton hauteur... C'est un jeu facile, mais c'est difficile de ne pas arrêter de croire. Je pense que tu le sais, que de ce côté je n'ai franchement rien à t'apprendre. 

Depuis que maman t'a demandé de me venir en aide que j'pense à toi. À nos rencontres invisibles dans les champs de la Gaspésie, à tes réincarnations dans tous les animaux errants que j'ai pu croisé, à mes mouvements qui s'apparentent peut-être aux tiens, à toutes nos ressemblances remarquées par tes enfants, mais gardées comme en secret. Au si peu de choses qu'on a pu me raconter, je te connais de ton prénom et de tout l'amour que te porte ma maman. 

Et si te jaser me rendait moins amer? Et si dans un silence des plus spirituels tu me remettais ma chance dans les mains? Et si tu transperçais le ciel chaque fois que mon coeur se gonfle? Et si tu m'avais bercé? Et si tout ce que je suis n'était que le résultat des chemins que tu m'as fait prendre? 

Pardonne mon retard. C'est 20 ans plus tard, à la veille de l'âge de maman l'année que tu l'as déserté, que j'fais appel au premier homme de sa vie, que j'entre dans la conversation, que je t'implore, que je te raconte, que je confie mes émotions caractérisés par l'intensité et que je prie dans l'incertitude de la jeunesse. 

Et au fond, t'as toujours été là. Comment tout ça aurait-il été possible sans toi après tout... Tu sais ce que j'attends, tu sais ce que j'espère, tu sais que je te fais confiance, je sais que t'en fait autant. 


Marie-Philippe

PS: merci, pour tout ce que je te dois... j'imagine... j'te fais un clin d'oeil.