19.2.09

grey room.

Entre toi et moi, sur le divan IKEA qui a trop vu de larmes, de baisers, de gens différents et de fous rires pour sa jeune vie, y'avait un fil invisible. Un fil conducteur de ton coeur au mien, un fil défectueux, qui griche un peu, la communication se fait pas, un mur d'incompréhension et tout un fleuve de larmes qu'on tentait de combattre en baissant le menton et évitant le blanc des yeux de l'autre. Entre nous, j'trouvais pu la longueur d'ondes, j'avais une longueur d'avance, je le savais, et le temps que tu me répondes j'avais changé de fréquence. Si pour moi tout mène à une certaine évidence, toi tu flottais dans ta naïveté, dans ton enfance. 

Pour que tu me suives et retrouve le battement de notre histoire paradoxale tellement tordue qu'elle avait sa place au bord du téléroman, j'te l'ai racontée du début, du plancher de danse où nos corps tressés ont commis l'irréparable, du commencement de la partie avec ses règles et ses contraires, en passant par la violence de tes mots une nuit de janvier, en glissant sur mon insistance, en m'attardant sur notre auto-destruction, sur ta façon de me tenir la tête, de fourrer la tienne dans le creux de mon cou, sur ma manière de mettre mes deux mains dans tes poches, de tirer sur ton t-shirt et coller ton torse au mien, j't'es redis à quel moment le personnage improvisé du sentiment est venu se mêler de me troubler, j't'es expliqué mon calvaire du mieux que j'pouvais, j'ai mis la faute sur ton silence, tu l'as mis sur notre insouciance. 

On s'entendait pour dire qu'on ne pouvait vivre l'un sans l'autre, on s'entendait pour dire que notre plan avait échoué. J'voulais que tu te mettes à genoux, que tu cris, que tu me laisses pas partir, et j'voulais m'enfuir, avaler la pilule rouge pour t'haïr, tirer un trait sur toi. J'avais envie que t'aies peur, que tu réalises qu'à tout moment je peux disparaître, j'avais envie que tu me donnes de l'importance, que tu sois incapable d'imaginer un futur sans moi dedans, en couleurs, j'avais envie d'être égoïste, j'voulais te guérir du mal qui barbouille ta vraie nature avec mes lèvres pour seul remède. Et pendant que tu t'effondrais, que t'avais l'air d'un enfant perdu sur ce divan qui avait supporté tant de nos crises, je mourrais en essayant de ne rien laisser paraître. Je faisais comme si je t'avais rayé de ma vie, comme si tu n'étais plus qu'un ami. Rien que ça, un parmi trop d'autres, jeté de ton podium, poussé de mon piédestal. Je ne laisserai jamais rien paraître, mais si tu savais à quel point c'est plus facile de te sourire que de te maudire. Je me torture à croire qu'un jour ça reviendra, qu'un jour tu referas de moi ton secret, je me torture à savoir qu'il n'y a que moi dans cet état. Ce soir-là, c'est toute la peine du monde qui tombait du ciel. Ça ne nous empêcha pas de délaisser ce divan et de sortir laisser la trace de mon combat dans la neige de la rue Ahmerst.



(«Sometimes days are so hard to survive, a million ways to bury alive.» - Kiss)


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